"Avons-nous le choix ?" : Discours d'ouverture des 50èmes JNE, Peggy Alonso, présidente de l'ANPDE
Et si demain, il n’y avait plus d’infirmière puéricultrice ?
Imaginez un pays où, chaque jour, plus de 7 bébés meurent. Un pays qui serait le mauvais élève de la mortalité infantile ! Imaginez … Non, N’imaginez plus. Vous y êtes. La France en 2025 ! Un pays qui laisse mourir ses bébés en silence. Un pays qui regarde les chiffres de la mortalité infantile grimper… Et qui détourne les yeux.
Et vous, d’ailleurs ? Connaissez-vous ce chiffre : 4,1 ?
C’est le taux de mortalité infantile en France ! 4,1 décès pour 1 000 naissances. Monstrueux ! Et chez nos voisins, vous connaissez ? L’Allemagne : 3,2. L’Autriche : 2,4. La moyenne européenne : 3,3. Ce taux place la France au 23ᵉ rang sur 27 pays de l’Union européenne.
Si c’était du foot, les gens seraient déjà dans la rue !
Je sais… ça fait mal de commencer notre 50ᵉ édition par ces mots et ce triste constat !
Mais qu’on se le dise : c’est la vérité.
Un monde sans infirmière puéricultrice, c’est un monde qui soigne trop tard. Un monde qui ne protège plus.
Alors, avons-nous le choix ?
Et bien OUI ! Parce que nous avons le pouvoir – le soft power, celui d’influencer les choses. Parce que nous pouvons changer le cours des choses.
Qu’on se le dise : tout est une question de choix.
Oui, les choix politiques d’hier dessinent les réalités d’aujourd’hui. Et les décisions qui seront prises aujourd’hui conditionneront le visage de la santé et des enfants de demain.
Pourquoi la France présente de tels écarts avec les autres pays me direz-vous ? Parce qu’ils ont fait d’autres choix. Des choix politiques tout simplement ! Des choix différents !
Ces pays ont fait le choix de système de prévention périnatale mieux organisés, en réfléchissant des suivis structurés dès la grossesse, un soutien renforcé à la parentalité, des professionnels de proximité reconnus et valorisés.
Ces pays ont fait le choix de lutter contre les inégalités sociales de santé avec des politiques sociales solides : une présence parentale justement rémunérée, des programmes de soutien aux familles et une lutte contre la pauvreté infantile.
Ces pays ont fait le choix de professionnels formés et soutenus : les infirmières spécialisées dans le soin de l’enfant sont des piliers officiels du système. Ça fait rêver , Hein ? Leur rôle relationnel, préventif, éducatif est considéré comme un levier de santé publique. Quelle belle idée !
Ces pays ont fait le choix d’une coordination des soins cohérente : un système de santé non médico-centré qui s’appuie sur l’ensemble des acteurs médico-sociaux de terrain, des PMI renforcées, maisons de naissance et des services de proximité qui travaille ensemble dans une étroite collaboration. Moins de bureaucratie, plus de terrain, plus d’enfants accompagnés dès la naissance
Et Nous, en France ?
Nous avons tout ce qu’il faut : les compétences, les outils, les professionnels. Mais nous manquons de reconnaissance, de coordination et de vision politique. Et je ne vous parle pas des moyens ! Depuis des années, on nous dit « il n’y a plus d’argent ». Aujourd’hui, notre Président annonce des investissements de 109 milliards d’euros pour développer l’intelligence artificielle en France.
Soyons clair : l’enjeu est important, il est majeur, il est capital. Alors : quand l’enjeu est majeur, quand il est capital le gouvernement trouve les fonds. Que devons-nous comprendre ? L’enfant n’est-il pas un enjeu ? La construction de notre société de demain ne passe t’il pas par un investissement conséquent pour l’enfant ?
Alors finalement, avons-nous le choix ?
OUI ! nous avons le choix, parce que nous sommes là.
Vous êtes là, aujourd’hui, plus de 700, à croire en l’avenir de notre profession et dire haut et fort que le moment est venu.
Et ça, ça change tout.
Bonjour à tous,
Croyez-le bien, c’est avec émotion et fierté que je vous souhaite la bienvenue aux 50ᵉ Journées Nationales d’Etude de l’ANPDE. Votre présence est un acte fort. Elle témoigne de notre détermination collective à porter haut la voix des enfants, à défendre leur santé, leur avenir, leur dignité.
Et je veux ici adresser mes plus sincères remerciements :
À toutes celles et ceux qui ont contribué à la réalisation de ces Journées Nationales marseillaises,
À nos partenaires et exposants, toujours présents,
À tous les officiels qui nous accompagnent sur scène aujourd’hui,
À la team JNE, sans qui ces journées riches et stimulantes n’existeraient pas.
Mais surtout… Surtout : Merci à vous. Votre engagement donne tout son sens à notre action.
Et qu’on se le dise, nous avons le choix !
Une citation de Nelson Mandela n’a jamais autant résonné avec notre réalité :
Choisir d’agir, même quand cela dérange. Choisir d’espérer, même quand tout semble figé. Choisir de bâtir, quand tant voudraient se contenter de penser. Que vos choix soient le reflet de vos espoirs et non de vos peurs.
Qu’on se le dise, ce congrès n’est pas une pause, c’est un tremplin. Une énergie. Une promesse. Nous allons penser, construire, revendiquer.
Et surtout, choisir.
Qu’on se le dise, la réforme de la profession infirmière est historique. Elle modernise un cadre devenu obsolète. Elle redéfinit les rôles infirmiers, introduit la pratique avancée, la consultation, le diagnostic, la prescription encadrée. Mais cette réforme doit ouvrir d’autres portes Pour nous, elle doit ouvrir la voie à la réingénierie de notre formation. Et là encore, le rapport IGAS est clair : une formation portée à deux ans, au grade Master ; une pratique avancée spécifique aux infirmières puéricultrices ; l’ouverture au libéral et à l’ambulatoire, avec reconnaissance de nos actes ;
Alors oui, nous devons nous en emparer.
Avec audace, avec force, avec confiance.
Pas le choix cette fois-ci !
Et rappelons-le : nous ne sommes pas une option. Nous sommes la réponse.
Nous sommes présentes là où les enfants ont besoin de nous, dans tous les milieux de vie des enfants : à l’hôpital, en PMI, en libéral, en protection de l’enfance, en institut de formation, en mode d’accueil.
Enfin et qu’on se le dise : la vérité vient du terrain. Elle vient toujours du terrain.
Qu’on se le dise : un monde sans infirmière puéricultrice, c’est un monde qui soigne trop tard. Un monde qui ne protège plus. Un monde sans avenir. Mais aujourd’hui, ici, ensemble… faisons le choix d’un autre monde. Un monde qui prévient au lieu de réparer., qui accompagne au lieu de délaisser, qui investit dans les enfants, parce qu’ils sont les adultes de demain, ils sont l’avenir.
Et disons-le haut et fort :
Nous sommes là.
Nous sommes prêtes.
Et nous allons influencer.
Parce que nous ne sommes pas les sourds et silencieux témoins d’un avenir sans rêve.
Soyons ces actrices et ces acteurs du changement,
Soyons les gardiennes d’un monde meilleur pour l’enfant d’aujourd’hui, l’adulte de demain.
Qu’on se le dise : Un monde sans infirmière puéricultrice, c’est un monde qui soigne trop tard. Un monde qui ne protège plus.
Et ce monde-là… On n’en veut plus.
Pas le choix, il faudra ensemble construire le monde de demain avec les enfants d’aujourd’hui
Pas le choix : soyons le soft power de demain.
Je vous remercie et déclare officiellement ouvertes les 50ème JNE.