Modes d’accueil

Le rapport dit « Giampino » du nom de son auteur : Sylviane Giampino, sur la formation des professionnels de la petite enfance dans les modes d’accueil, remis à Madame La Ministre des Affaires Sociales en mai 2016 précise :

  • « L’IPDE est une infirmière spécialisée dans les soins médicaux apportés aux bébés et aux enfants. Elle joue également un rôle de prévention, d’éducation et de conseil auprès des parents. Ce diplôme de niveau 2 est placé sous la tutelle du ministère de la santé ».

  • « Les IPDE ont contribué largement à la création du système des modes d’accueil en France, tant individuel que collectifs, en raison de leur implantation historique dans les services de PMI et du fait de leurs fonctions de direction des EAJE ».

  • « C’est un métier sanitaire, dont l’activité dans les modes d’accueil s’inscrit dans la définition globale de la santé de l’OMS (livre blanc page 9) et la problématique du plein développement de l’enfant ne lui est donc pas étrangère. »

 Pour les IPDE, deux niveaux de missions sont à distinguer auprès des modes d’accueil.

1 - La mission de direction des établissements d’accueil du jeune enfant (EAJE).

Le Code de la santé publique détaille les missions de direction qui peuvent être exercées par l’IPDE, en application de l’article R2324-37-2. Ces missions sont notamment les suivantes :

  • Conduite de la définition et de la mise en œuvre du projet d'établissement ou de service ;

  • Animation et gestion des ressources humaines ;

  • Gestion budgétaire, financière et comptable ;

  • Coordination avec les institutions et les intervenants extérieurs. 

Le récent rapport rendu par le Haut Conseil de la Famille de l’Enfance et de l’Âge (HCFEA) en juillet 2018 « Accueillir et scolariser les enfants en situation de handicap de la naissance à 6 ans et accompagner leur famille » identifie six axes prioritaires pour lesquels le profil de l’IPDE s’ajuste compte tenu de sa formation, de sa capacité à travailler en équipe et en réseaux médicaux,  éducatifs et sociaux, ainsi qu’à participer à l’élaboration du projet personnalisé d’accueil du jeune enfant, en lien avec  le coordonnateur de parcours (recommandé par la proposition 29 du rapport) :

  • Avant trois ans, ouvrir davantage les modes d’accueil individuels et collectifs aux enfants en situation de handicap

  • Compléter et améliorer la scolarisation en école maternelle

  • Faciliter la vie des familles dans leur rapport aux services petite enfance et handicap sur le chemin d’un éventuel diagnostic

  • Développer l’appui aux professionnels et le travail en réseau au service des enfants

  • Prendre en considération et améliorer la vie des fratries

  • Aider les parents, soutenir leur parentalité et leur faciliter l’articulation avec le travail.

Il est à noter que les articles R2324-34 et suivants du CSP précisent que lorsqu’une direction d’EAJE de plus de 21 places est assurée par un Educateur de Jeunes Enfants (EJE), l’établissement doit être doté des services d’un IPDE ou d’un infirmier.

Actuellement, le Code de la Santé Publique, fort de l’histoire des modes d’accueil médicalisés dans leur démarrage, rend obligatoire le recrutement d’un médecin référent pour les EAJE. Or, la plupart d’entre eux n’en sont pas dotés, ou n’exercent pas les missions attendues à l’article R2324-39 du CSP, faute de temps et de ressources humaines. En l’absence de médecin référent, ou d’IPDE dans l’équipe, les équipes sont en difficulté pour accueillir des enfants nécessitant une attention particulière quand des soins, une vigilance spécifique ou même l’administration de médicaments sont nécessaires au cours de la prise en charge.

Ainsi, l’IPDE est en capacité d’accompagner les équipes et les familles, notamment  dans le parcours d’enfants en situation de handicap, ou souffrant d’une pathologie chronique. Par ailleurs, ses compétences lui permettent, tout en restant en lien avec d’autres professionnels du champ du handicap, d’accompagner la parentalité singulière des parents concernés.

Les fonctions de l’EJE et de l’IPDE sont ainsi complémentaires. L’IPDE est en capacité de repérer les situations de santé ou de parentalité problématiques et/ou relevant du cadre de la protection de l’enfance et d'orienter les familles vers un professionnel adapté. Le travail de collaboration avec les services de PMI joue bien souvent un rôle important, mais également avec l’ensemble des services médico-sociaux.

La mission de direction est partagée très majoritairement par les IPDE et les EJE depuis les évolutions réglementaires des décrets de 2007 et 2010. Ces deux profils sont particulièrement complémentaires notamment en ce qui concerne l’encadrement des équipes, l’accompagnement du développement des enfants et de la parentalité. Toutefois, celle ci mériterait d’être renforcée afin de faciliter l’accueil des enfants présentant une particularité, un handicap ou une affection chronique.

2 - La mission d’évaluation, de suivi et de contrôle dévolue aux médecins directeurs des services départementaux de PMI, exercée majoritairement par les IPDE.

En raison de sa formation, de son parcours dans les différents types de modes d’accueil, l’IPDE est la professionnelle qui présente le plus d’expertise dans l’encadrement et l’évaluation des modes d’accueil individuel et collectif. Ses missions requièrent une compétence particulièrement en lien avec la puériculture, la prévention, la communication, la connaissance des caractéristiques du territoire, de la législation en vigueur et des règles de sécurité en collectivité.

Bien qu’il existe une pluralité de postures professionnelles offertes dans le cadre des missions de PMI auprès des gestionnaires et des porteurs de projets de création d’EAJE, qui font l’objet de nombreuses critiques, l’ANPDE remarque combien de situations à risque peuvent être évitées ou diminuées grâce aux recommandations et conseils prodigués par les services de PMI dédiés au contrôle et à l’accompagnement des modes d’accueil, individuels comme collectifs.